N°68
édition du 11 janvier 2013
En novembre dernier, Zacharie Duputel et Apoli Bertrand Kameni, tous deux jeunes docteurs de l’Université de Strasbourg, ont été récompensés par le prix Le Monde de la recherche universitaire.
Les deux lauréats partagent le même sentiment, ce prix est sans nul doute un plus pour leurs carrières et leurs futures candidatures à des postes de chercheurs en France. Comme le souligne Zacharie Duputel, « le prix Le Monde de la recherche universitaire est l’un des rares prix qui récompense des jeunes docteurs à l’échelle nationale ». Cette distinction leur procure donc une certaine fierté et apporte une visibilité à leurs travaux, bien au-delà de la seule communauté scientifique, à travers diverses publications.
Retour sur leurs travaux de recherche originaux et innovants en sismologie pour Zacharie et en sciences politiques pour Apoli Bertrand, leurs applications et leurs impacts.
La sismologie joue un rôle très important dans la réduction de l’impact des grands tremblements de Terre sur nos sociétés. Pendant sa thèse*, Zacharie Duputel s’est attaché à mieux comprendre les phénomènes à l’œuvre dans les zones de forte sismicité et à développer une méthode de détermination rapide et fiable des paramètres physiques de la source des grands séismes.
« À défaut de pouvoir prédire à court terme ces phénomènes, une caractérisation rapide de la rupture peut diminuer significativement le coût humain lors d’un grand tremblement de Terre en permettant le déclenchement d’une alerte et le déploiement efficace des opérations de secours », souligne le jeune docteur.
Malgré des efforts importants durant les dix dernières années, plusieurs heures étaient encore récemment nécessaires pour obtenir une information fiable sur les caractéristiques globales de la source des grands séismes (magnitude, orientation du glissement, etc.). Aujourd’hui, la méthode innovante mise au point par Zacharie permet une caractérisation de la source en 20 à 35 minutes à l’échelle globale, en utilisant des réseaux d’observation mondiaux. À l’échelle régionale, en utilisant les récepteurs plus à proximité de la source, la méthode proposée permet une caractérisation encore plus rapide, entre 6 et 12 minutes.
Des alertes plus rapides
L’approche proposée consiste à utiliser les ondes sismiques observées à très longue période (à très basse fréquence, entre 1 mHz et 5 mHz) pour déterminer rapidement la magnitude, la localisation et le mécanisme au foyer, c’est-à-dire l’orientation du glissement à l’origine du séisme. « Cette dernière information est essentielle pour identifier rapidement les séismes pouvant générer un tsunami, explique le chercheur. Ce type d’application permet notamment d’accélérer significativement la mise en place d’une alerte au tsunami. » Cette méthode est d’ailleurs aujourd'hui utilisée par plusieurs centres d'alertes comme le Pacific Tsunami Warning Center (PTWC), l'U.S. Geological Survey (USGS) ou le Centre d'alerte aux tsunamis (Cenalt) pour caractériser rapidement la source de grands séismes. C’est pour l’ensemble de ces résultats innovants et les applications concrètes qui en découlent pour la population, que le célèbre moteur de recherche a décerné à Zacharie la mention spéciale Google, instaurée pour la première fois en 2012.
Anne-Isabelle Bischoff
Apoli Bertrand Kameni est l’un des cinq lauréats du prix Le Monde de la recherche universitaire dans la catégorie sciences humaines et sociales. Au cours de sa thèse*, le jeune chercheur s’est attaché à démontrer le rôle essentiel des ressources minérales et de leur convoitise par les grandes puissances mondiales dans le déclenchement des conflits nationaux ou internationaux.
À travers une étude détaillée des conflits en cours ou passés dans différentes régions africaines notamment, il a essayé d’expliquer la récurrence des conflits dans une même zone au cours du temps, et les facteurs d’apaisement ou au contraire de montée en puissance. « J’ai pu montrer que l’intensité des conflits et le type même des minerais convoités dépendaient très largement des révolutions industrielles et technologiques et de la conjoncture économique », explique Apoli Bertrand.
« Il existe un certain parallèle entre le tableau des périodes de guerre et le tableau périodique des éléments chimiques ! » Le Congo en est un exemple parfait. L’instabilité permanente qui y règne depuis le début du 20e siècle est le reflet de la richesse exceptionnelle de son sous-sol en termes de minerais. Ainsi, l’avènement des téléphones et ordinateurs portables depuis la moitié des années 1990, n’est possible que par l’apport décisif de certains métaux rares comme le tantale, qui abondent dans les sous-sols du Congo. Au niveau local, des luttes armées pour l’appropriation de ces ressources naissent en rapport direct avec les besoins des puissances industrielles internationales. « Les mines sont doublement source de puissance puisqu’elles permettent à la fois des avancées scientifiques et la mise en œuvre des innovations industrielles et économiques », souligne le chercheur.
Une gouvernance des ressources minérales pour lutter contre l’insécurité mondiale
Pire encore, aujourd’hui toutes les solutions technologiques et industrielles proposées pour faire face aux problèmes de réchauffement climatique et de pollution, comme les piles à combustible ou les pots catalytiques, sont tributaires de métaux. Les éoliennes et les véhicules hybrides nécessitent des minerais des terres rares essentiellement exploitées par la Chine. « Plus les sociétés se perfectionnent, plus elles dépendent de ressources minérales aussi variées que rares. » L’omniprésence de l’emploi des substances minérales contraste avec leur distribution géologique très inégale !
L’étude pionnière et novatrice réalisée par Apoli Bertrand fait la démonstration qu’une gouvernance mondiale des ressources minérales de la planète est une nécessité vitale. Dans un premier temps, « une communauté africaine des métaux pour le développement économique pourrait être créée à l’image de la Communauté européenne du charbon et de l’acier mise en place par les six états européens en 1951, et qui avait mis fin aux tensions franco-allemandes liées à l’exploitation des ressources minières », conclut Apoli Bertrand.
Anne-Isabelle Bischoff
La galaxie d'Andromède, la galaxie géante la plus proche de nous, est entourée d’un disque formé par une multitude de petites galaxies naines. Cette structure, extrêmement aplatie, s'étend sur plus d'un million d'années-lumière et semble tourner autour de la galaxie.
Elle vient d’être découverte par une équipe internationale à laquelle appartiennent Rodrigo Ibata, de l’Observatoire astronomique de Strasbourg (CNRS/Université de Strasbourg)… et son fils, un lycéen âgé de quinze ans. C'est le jeune garçon en stage au laboratoire, et travaillant sur le langage de programmation Python, utilisé pour les modélisations de cette étude qui le premier, a mis en évidence la rotation du disque de galaxies naines!
La présence de nombreuses galaxies naines autour de grandes galaxies, comme celle d'Andromède ou notre propre Voie Lactée, est connue depuis longtemps : il s’agirait des restes de galaxies plus vastes peu à peu dévorées par leur encombrantes voisines, et que les astronomes imaginaient indépendantes les unes des autres. Cette étude révèle qu’en fait, autour de la galaxie d’Andromède, la majorité d’entre elles sont organisées en une gigantesque structure aplatie de plus d'un million d'années-lumière de long, en rotation sur elle-même.
La Fondation pour la recherche médicale lance à nouveau pour l’année 2013, son appel d’offres intitulé Espoirs de la recherche.
Le programme Espoirs de la recherche de la Fondation pour la recherche médicale soutient les projets de recherche dans tous les domaines de la biologie et de la santé. Il contribue activement à la formation des jeunes chercheurs et encourage les équipes de recherche innovantes.
Cet appel d'offres est destiné aux financements de jeunes chercheurs (Master 2, thèse etc.), à la labélisation d’équipes et à l’accueil et l’installation de nouveaux chefs d’équipes dans les structures de recherche (amorçage).
Il est ouvert du 15 mars au 15 octobre 2013, sans aucune date limite de dépôt des dossiers et selon le budget disponible.
Les masters à l'Université de Strasbourg en 2011/2012
Envoyez votre info à lactu@unistra.fr avant le mercredi 23 janvier midi pour une parution le vendredi 25 janvier 2013.
Consultez les dates des prochains numéros.
